Y Quynh Bdap , réfugié HCR, face à une extradition de Thaïlande
La Thaïlande accède à la demande d’extradition du militant montagnard Y Quynh Bdap ; il lui reste 30 jours pour faire appel.
Un tribunal thaïlandais à Bangkok a statué le 30 septembre sur la demande d’extradition du Vietnam visant à renvoyer le militant montagnard Y Quynh Bdap sur demande du Vietnam pour allégation de terrorisme (voir nos précédents articles). Il a été détenu en juin dernier alors qu’il venait de déposer une demande de relocalisation à l’ambassade du Canada pour lui et sa famille de 7 personnes.
La décision du tribunal précise cependant que Bdap dispose de 30 jours pour faire appel du verdict d’extradition. Nadthasiri Bergman, l’avocate de la défense de Bdap, s’est dit extrêmement préoccupée par les risques que Bdap pourrait encourir s’il était renvoyé au Vietnam.
Y Quynh Bdap, le bouc émissaire du régime contre les minorités religieuses du Vietnam.
Bdap, 32 ans, est un réfugié reconnu par le HCR qui a fui en Thaïlande depuis 2018. Le Vietnam l’avait jugé par contumace en janvier 2024, l’accusant d’être le cerveau des attaques armées qui ont eu lieu le 11 juin 2024 dans les hauts plateaux du centre du pays, dans la province de Dak Lak. Accusation que Bdap a toujours farouchement nié et rejeté par la voix de son avocate.
Défenseur des droits des minorités et des religions de l’ethnie Rhade, Bdap a cofondé l’organisation non gouvernementale Montagnards Stand Up for Justice (MSFJ) en 2019. Grâce aux dons de la communauté réfugiée, MSFJ dispense des formations depuis l’étranger sur les lois internationales relatives aux droits de l’homme aux populations des hauts plateaux du centre du Viêt Nam. MSFJ collecte et transmets aussi les informations et les violations relatives à la liberté de religion aux instances concernées des Nations unies.
Montagnards de la minorité rhadé au Vietnam
Le terme « Montagnards » désigne une trentaine de groupes autochtones vivant dans les hauts plateaux du centre du Vietnam, qui luttent désespérément depuis de nombreuses années pour leurs droits religieux et le droit à la terre face aux exactions et aux expropriations du régime. L’ influence de MSJF était devenue tellement importante qu’elle a suscité la crainte des autorités communistes face au mécontentement croissant de cette minorité.
Amnesty International , le Cosunam et une dizaine de ONG ont exhorté les autorités thaïlandaises à résister aux demandes de renvoi forcé de Y Quynh Bdap, le gouvernement vietnamien étant connu depuis longtemps pour sa répression systémique du droit des groupes ethniques minoritaires notamment de confession protestante.