Lê Chí Quang,
cyberdissident@goulagvietnamien.vn
En surfant sur internet, j’ai pu lire un article
écrit par un vietnamien du pays:
« Le Vietnam, un
pays, deux Constitutions? »
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L’une pour la façade extérieure, l’autre
interne, réservée au peuple, interprétée selon l’humeur de
ses dirigeants.
Ainsi vis à vis de l’étranger, le VN
est beau, humain, civilisé, bref: propre.
Mais derrière le sourire d’automate
glacé de ses responsables en quête éternelle d’aide
pécunière, se cache le vrai visage du communisme appliquant
une politique de terreur, inhumaine, arriérée, digne du
Moyen-Âge.
L’article 4 de la Constitution dit: «Le
parti communiste est le seul et unique parti apte à diriger le
pays, à guider le peuple…». Une aberration que les
dirigeants persistent et signent, même en ce début du 21ème
siècle.
Il y a quelques années, nos autorités
prévoyaient de modifier la Constitution (comprenons nous bien:
ce changement doit être en premier au service du parti) et pour
bien se faire voir, demandent au peuple d’apporter des
suggestions (belle leçon de démocratie qui en vérité n’est
qu’arnaque digne du marxisme/léninisme).
Bien sûr, personne n’ose entrer dans ce
débat. Soit par peur, soit par défaitisme car, de toute
façon, se dit la majorité du peuple, ce sont eux qui vont
dicter la Constitution, à leur guise et de A jusqu’à Z.
Un seul relève le défi. Il publie:« Mes
quelques propositions pour amender la Constitution » parmi
lesquelles il suggère d’abolir le point 4 et de le remplacer
par un autre qui garantit le pluralisme où toutes les tendances
politiques sont reconnues. L’article est signé de la main de Lê
chí Quang,
jeune avocat de 32 ans.
Immédiatement, la machine à répression s’abat
sur lui. Il se fait rappeler à l’ordre, séquestrer, menacer,
interpeller au commissariat de police, retenir et relâcher à
plusieurs reprises.
Mais derrière ce «leurre» de
diversion qu’est cette campagne de recueil d’avis, se cache
quelque chose de beaucoup plus important, de beaucoup plus
grave: ils préparent l’acte de cessation territoriale et
maritime à leur grand voisin, la Chine. En cachette, classé
top secret, tabou.
Un tel sujet, dans n’importe quel pays se
fait publiquement, est confié à des experts (historiens,
juristes, etc…) et mérite réflexion de tout un peuple,
débats, voire référendum.
Eh bien, non, pas du tout, nos dirigeants
communistes ont décidé de représenter tout à la fois, le
peuple, l’âme du peuple, les ancêtres, toutes celles et ceux
qui ont sacrifié leur vie pour défendre le pays de toute
agression depuis des générations, passent outre tous les
événements historiques et décident seuls d’offrir 700 km2
au grand frère du nord (ce qui correspond à peu près à la
superficie qui s’étend de Genève à Lausanne!).
Ce n’est donc quand même pas une petite
parcelle comme ils s’en défendent.
Top secret, top secret. Faites confiance au
parti, nous décidons pour vous, l’échange nous est
favorable, disent-ils au peuple. Mais cela ne convainc plus
personne. Des fuites sortent de l’enceinte hermétique. Les
vietnamiens de l’extérieur prennent la relève et renvoient
la nouvelle dans le pays via internet. Une bombe! Le peuple
stupéfait découvre l’acte. Il manifeste son indignation. Du
plus vieux au plus jeune. Car dans cette lutte, il s’agit de
la survie de toute une nation.
N’étant plus en mesure de camoufler ce
«secret», ils tentent de donner des explications à la va-vite
(aussi mensongères que leur secret d’état).
Dans ce contexte tendu, Lê
chí Quang
ressort sa plume et écrit :« Soyons vigilants face à l’Empire
du Nord!» critiquant ouvertement la lâcheté des
responsables de vendre la terre des ancêtres, rappelant que la
Chine dans le passé n’a fait que du tort au VN et n’a
jamais été un bon voisin digne de confiance. Et pour montrer
son total désaccord, Quang le David
envoie une lettre ouverte à Jiang Zemin le Goliath.
Courage ou inconscient? Qu’importe, ses
remarques touchent ! Les dirigeants se vexent pendant que le
peuple s’interroge de plus en plus sur la vraie nature de l’acte
de cessation.
C’est la goutte qui fait déborder le
vase. Sermonnés par la Chine, mal vus aux yeux du peuple, ils s’en
prennent violemment à Lê chí Quang,
l’accusant de traître et le jettent en prison. Pour montrer l’exemple
bien sûr mais surtout pour amadouer l’ire de l’Empire du
Nord.
Lê chí Quang
a divulgué des secrets d’état, disent-ils. En fait, ce ne
sont que des articles qu’il a écrits et envoyés à des amis.
Dans la Constitution (l’officielle), il
est stipulé que tout citoyen a la liberté de pensée, d’expression,
etc... sauf divulgation de secrets d’état susceptibles de
nuire au pays.
Ironiquement, pour les autorités
vietnamiennes, tout est «secret d’état» donc toute
divulgation risque d’être sévèrement punie et tout citoyen
peut être emprisonné à tout moment.
Lê chí Quang
est dans cette logique. Il est condamné à 4 ans d’emprisonnement
et 3 ans de résidence surveillée.
En lisant l’acte d’accusation, tout
honnête citoyen peut facilement reconnaître que Lê
chí Quang :
-
n’a jamais commis d’acte
contraire aux lois du pays;
-
n’appartient à aucun réseau
politique;
-
n’a jamais diffusé des secrets d’état.
Il ne fait qu’user de sa liberté d’expression
et de réflexion.
Lê chí
Quang est innocent.
IL DOIT ÊTRE LIBRE.
J’en appelle aux peuples et aux
gouvernements épris de liberté et respectueux des Droits de l’Homme
à faire pression sur les autorités vietnamiennes afin de
rendre la liberté à ce jeune avocat.
Suisse, le 13 décembre 2002.
Khai Nguyen Dang
Membre permanent du COSUNAM/Comité Suisse-Vietnam