Vietnam 2024, un pays si attachant qui viole les droits de ses citoyens.
Le hasard des calendriers fait parfois bien les choses. La diffusion sur ma page FaceBook d’un épisode prévue de longue date ” Quand le Vietnam enlève ses opposants” relatant le cas de Trinh Xuan Thanh (apparatchick en fuite et kidnappé en plein Centre de Berlin en 2017 ) tombe pile le jour de l’examen périodique du Vietnam devant le Conseil des Droits de l’Homme de l’ONU, ce matin du 7 mai 2024 à Genève.
Un examen périodique auquel sont soumis tous les pays, une fois tous les 5 ans. Or il se trouve que le gouvernement communiste de Hanoï est bien loin de respecter ses engagements pour les droits des Vietnamiens et des Vietnamiennes. Pour davantage d’informations sur ces violations répétées on peut consulter le site de Viet Tan ( plate-forme des oppositions vietnamiennes) .
Des promesses pourtant rédigées par le Vietnam après l’UPR de 2019 qui avait promis à l’UE d’autoriser la liberté syndicale en vue d’un accord de libre-échange. Dans le même temps, une directive secrète du parti communiste – parti unique au pouvoir – l’interdisait, la considérant comme un danger pour la sécurité nationale. Le responsable des négociations avec l’UE sur les questions syndicales a été limogé ainsi que des dizaines de hauts cadres ces dernières années, sous la houlette du secrétaire général du parti Nguyen Phu Trong et du chef de la sécurité publique, Tô Lâm.
Pour autant, le Vietnam pourrait jouer un rôle pivot dans les conflits qui menacent. Entre la Chine, l’occident et la Russie, la religion de ses dirigeants n’est pas forcément faite et moins encore celle des Vietnamiens eux-mêmes, tant il est vrai que la fréquence des violations des droits humains traduit autant la férocité du régime que la vitalité de l’opposition et du débat politique au sein de la population.
De quel côté pencherait ce pays de tout juste 100 millions d’habitants en cas de conflit mondial ? Une question non négligeable sachant l’importance du rôle qu’y joue l’armée, qui dans le passé s’est payé le luxe de battre trois des principales puissances mondiales : la Chine, l’Empire Français et les Etats-Unis. On aimerait tellement que ce pays si attachant comprenne tous les avantages qu’il pourrait retirer de la démocratie. Il suffirait de peu de choses : respecter les droits humains et la liberté d’expression, organiser de vraies élections…
Philippe Souaille
Journaliste, cinéaste et politologue franco-suisse.
A travaillé à La Tribune de Genève et à la TV Suisse Romande.
Producteur et réalisateur de plus de 30 documentaires.