Tragique sort de Nguyen Thuy Hanh
Le 7 mai dernier, 13 mois après l’arrestation de Mme Nguyen Thuy Hanh, son mari, Monsieur Huynh Chenh, a pu enfin la revoir. Madame Hanh était isolée de la société et de sa famille, emprisonnée sans contact et sans avocat.
Pendant cette longue période de détention prolongée de manière abusive, les autorités vietnamiennes n’ont toujours pas mis fin à leur enquête ou même tenté de mettre en lumière des preuves afin de diligenter le procès de Madame Nguyen Thuy Hanh.
Il convient de rappeler que Nguyen Thuy Hanh, très malade, avait été transférée pour un traitement impératif dans un hôpital en décembre 2021, après une intervention du Conseil d’Etat Genevois et une pétition du Cosunam auprès du président vietnamien, lors de son passage à Genève. Cette mesure d’adoucissement temporaire n’aura duré qu’à peine un mois.
En avril 2022, elle a finalement été conduite à l’Hôpital Central Psychiatrique de l’Etat pour un traitement, mais toujours sous haute surveillance.
Cette nouvelle procédure policière d’emprisonnement est inquiétante, car elle renforce la vulnérabilité des personnes atteinte de dépression causée par une incarcération injuste.
De plus, l’Etat s’attribue une bonne conscience en accordant (enfin) un droit de visite de 30 minutes tous les 4 mois pour deux proches parents. Lors d’une 1ère visite, derrière une vitre hermétique, son mari, Monsieur Chenh a pu converser par téléphone avec elle. Hanh lui a dit être très inquiète pour ses enfants, ses proches et pour la santé et la sécurité de sa famille confrontée aux harcèlements des autorités. Elle a posé des questions sur les familles des prisonniers de conscience dont elle s’occupait, posant des questions précises à propos de nombreuses personnes et amis.
Durant son incarcération, elle a subi plusieurs interrogatoires fastidieux, toujours sur le sujet de son fonds d’aide (50K) en faveur des familles de prisonniers. Pourquoi ? qui ? comment ?
Nous nous sommes aussi rendu compte que les coûteux médicaments contre la dépression que sa famille lui envoyait tous les trois mois en prison ne lui parvenaient pas en totalité, malgré un décompte minutieux de chaque pilule devant les gardiens à chaque remise.
Hanh est détenue dans la même pièce avec six autres patientes qui se montrent conciliantes avec elle au vu de sa notoriété. Certains patients peuvent utiliser le téléphone de la prison pour contacter des membres de la famille, mais pas elle.
Les premiers jours d’hospitalisation, elle a rencontré dans l’enceinte de l’hôpital un autre bloggeur et dissident, Monsieur Lê Anh Hung, détenu aussi malgré lui dans cet hôpital psychiatrique. Un membre de Fraternité Démocratie, Monsieur Nguyen Trung Linh, serait aussi détenu, mais ils n’ont pas pu le voir. Hanh et Hung ont pu s’entretenir ensemble sur leur détention, mais les jours suivants, ils ont été interdits de contact.
Son mari, Monsieur Chenh, a dû interrompre sa discussion et lui dire au revoir, après 30 minutes à peine, le cœur serré et accablé, mais soulagé par ces quelques moments de retrouvailles, après 13 mois.