Peines de mort pour Dông Tâm
Un message de défiance à l’opinion publique, un avertissement terrifiant à l’opposition.
Le lundi 8 mars à Hanoï, dans le procès en appel des 6 accusés du drame survenu dans la commune de Dông Tâm, district de My Duc, Hanoï, en janvier 2020, le tribunal s’est borné à confirmer le terrible verdict du premier procès qui avait condamné à la peine capitale deux accusés, Lê Dinh Cong et Lê Dinh Chuc, et à des lourdes peines de prison quatre autres accusés Lê Dinh Doanh (à perpétuité), Bui Viêt Hiêu (à 16 ans), Nguyen Quôc Tiên(à 13 ans) et une femme Mme Bui Thi Nôi (à 6 ans).
Le drame de Dong Tam avait suscité un grand émoi au Vietnam et à l’étranger. En septembre 2020, l’Union européenne et de nombreuses ONG défendant les Droits de l’Homme – dont le Cosunam – se sont opposées au Vietnam aux deux condamnations à mort lors du procès en première instance, pointant de graves violations aux principes d’un procès-équitable.
Ainsi, lors du procès en première instance, l’audition de certains témoins-clé (membres directs de la famille et policiers pourtant présents sur les lieux du drame) a été arbitrairement refusée ainsi que toute reconstitution sur place des faits sanglants. Le conflit d’intérêt était manifeste aussi puisque l’enquête policière a été menée par le même service de police que celui ayant mené l’assaut sanglant.
Et, enfin, les circonstances de la mort des trois policiers lors de l’assaut (soit-disant précipités et brûlés dans un puit par les villageois) n’ont pas pu être démontrées clairement. De nombreux témoignages anonymes tendent à démontrer qu’ils auraient été victimes soit d’électrocution, soit de chutes ou de tirs collatéraux de leurs collègues lors de l’assaut de nuit.
Depuis le début de l’affaire d’expropriation il y a 3 ans, les autorités considèrent les villageois de Dông Tâm comme une force hostile en raison de leurs oppositions ouvertes et résolues à la confiscation de leurs terres. Elles veulent faire de Dông Tâm un exemple et, ce faisant, envoyer un message terrifiant à celles et ceux qui s’opposent aux oukases de l’Etat en la matière.
Un recours extraordinaire est possible devant la Cour suprême. De même, la grâce présidentielle peut être sollicitée. Toutefois, les chances de succès de telles démarches restent très aléatoires et incertaines au vu du caractère politique de ce drame et de la dépendance totale des pouvoirs judiciaires au parti communiste du Vietnam. A ce jour, les deux condamnés à la peine capitale ont refusé de plaider coupable.
Le Cosunam suivra avec la plus grande attention le sort réservé aux condamnés de Dông Tâm en espérant que les vies de Lê Dinh Cong et Lê Dinh Chuc puissent être épargnées. De manière plus générale, cette affaire traduit tragiquement la barbarie de la peine de mort, dont le Cosunam demande l’abolition immédiate, et l’arbitraire du système judiciaire vietnamien qui condamne et exécute des individus sans respecter les garanties élémentaires d’un procès équitable.