Dialogue Suisse-Vietnam : osons parler droits de l’homme ?
Par Alexandre de Senarclens, député PLR genevois / En tant que membre du Conseil des droits de l’homme pour la période 2023-2025, le Vietnam prétend mettre l’accent sur la protection des groupes vulnérables et la lutte contre la violence et la discrimination à leur égard ; la promotion de l’égalité entre les sexes, en particulier pour les femmes et les filles à l’ère de la transformation numérique ; ainsi que la résolution des problèmes mondiaux, en particulier le changement climatique.Il n’en est malheureusement rien.
En effet, selon la très réputée ONG Human Rights Watch, « le bilan du Vietnam en matière de droits humains demeure déplorable dans pratiquement tous les domaines. Le Parti communiste maintient le monopole du pouvoir politique, sans permettre la moindre contestation. Les droits fondamentaux sont sévèrement restreints, y compris les libertés d’expression et des médias, de réunion publique, d’association, de conscience et de religion. Les défenseurs des droits humains et les blogueurs sont confrontés à l’intimidation et au harcèlement de la part de la police, à des restrictions de mouvement, à des arrestations arbitraires et à la détention au secret. Des agriculteurs perdent des terres qui sont allouées à des projets de développement sans recevoir de compensation adéquate ; les travailleurs ne sont pas autorisés à former des syndicats indépendants. La police recourt régulièrement à la torture et aux passages à tabac pour extorquer des aveux. Le système de justice pénale manque d’indépendance ; les tribunaux condamnent par exemple des dissidents politiques et des militants de la société civile à de longues peines de prison sur la base de fausses accusations liées à la sécurité nationale ».
Pour lutter efficacement contre cette situation, la mobilisation des ONG, des associations comme le COSUNAM, dont je fais partie depuis de nombreuse années, et de la société civile est essentielle. Il faut en outre la pression des pays démocratiques, dont la Suisse. Le Vietnam ne peut se résumer pour notre pays en un simple partenaire commercial auquel on ne demande aucun compte sur la situation des droits humains.
A ce titre, il semble que la visite du mois de juin d’une délégation du Conseil national au Vietnam, menée par son président Martin Candinas, ( voir photo ci-dessus) n’a pas été à la hauteur de ce que nous devrions attendre d’élus à Berne. De ce qui a été relaté par la presse et par le site officiel du Conseil national, il n’a été question que de bonnes relations entre nos deux pays et du développements des échanges commerciaux par le biais d’un accord de libre-échange. Il apparaît qu’aucune communication n’a été faite sur les attentes de la Suisse en matière des droits humains. Cela n’est pas acceptable. Il devrait être une priorité de notre diplomatie de rappeler systématiquement nos exigences en la matière et de suivre de près l’évolution sur le terrain.
La communauté suisse d’origine vietnamienne notamment genevoise bien intégrée dans la société civile attend de ses élus actuels et à venir un engagement marqué dans ce sens. Je serai de ceux-là ♦
Alexandre de Senarclens, député PLR, candidat au Conseil national à l’élection du 22 octobre 2023
Député au Grand Conseil depuis 2016, Alexandre de Senarclens est né à Genève en 1975, canton dans lequel il a suivi ses écoles. Après avoir obtenu son brevet d’avocat, il a pratiqué au sein d’études genevoises. Pour lui, la Suisse – ouverte sur le monde et accueillante – a su se nourrir de l’apport des communautés étrangères venues s’y installer dont celle des Vietnamiens. Il s’est engagé en 2003 au sein du parti Libéral et est devenu en mai 2015 le Président du PLR (parti Libéral-Radical) Genève. Sympathisant et membre du Cosunam depuis 2016, candidat au Conseil national à l’élection en octobre 2023, il mène actuellement l’initiative d’un collectif d’une douzaine de députés genevois pour des discussions constructives avec l’Etat vietnamien en matière de défense des droits de l’homme.