Le Vietnam à l’aube de l’année 2021
Alors que le Parti communiste au pouvoir au Vietnam se prépare à sa plus importante réunion depuis des années, ses dirigeants ont procédé à une intensification sans précédente de la répression de la dissidence avec un nombre record de prisonniers politiques, des peines de prison plus longues et un harcèlement accru des militants ces dernières années.
Comment le Coronavirus a-t-il affecté le pays ?
A la fin de l’année 2020, le Vietnam se targue d’avoir eu l’un des taux de mortalité du virus les plus bas au monde avec des chiffres officiels d’un peu moins de 1’600 contaminations et d’une quarantaine de décès. On pourrait douter de la véracité de ces chiffres de ce pays qui reste un “copier-coller” de la Chine en matière de transparence et de liberté d’expression.
La croissance économique de ce pays aux 98 millions d’habitants a ralenti pour atteindre 2,91 % à la fin de 2020, car le ralentissement mondial provoqué par la pandémie a sapé la demande de produits fabriqués au Vietnam, des smartphones aux chemises. Le gouvernement prévoit une expansion d’environ 6 % en 2021, contre 7,02 % en 2019. Néanmoins, l’exode et le redéploiement en Asie des multinationales hors de Chine a principalement favorisé le Vietnam.
Quels sont les défis qui attendent le Vietnam?
D’une part, stimuler la croissance de la nation dépendante des exportations suite à une forte récession mondiale. D’autre part, le faire sans provoquer davantage les États-Unis qui est son plus grand marché d’exportation. Les États-Unis ont mis le Vietnam en garde en octobre 2020 en ouvrant une enquête commerciale sur sa politique monétaire et ont ensuite imposé des sanctions sur de nombreux articles et marchandises en invoquant une “monnaie sous-évaluée”. Le Vietnam a été désigné comme un pays d’Asie du Sud-Est manipulateur de devises.
Quid des relations entre le Vietnam et la Chine ?
Soufflant le chaud et le froid entre ” frères communistes”, le Vietnam ne peut s’affranchir de sa dépendance idéologique et pour les matériaux et les équipements essentiels à l’approvisionnement de ses usines. Les relations avec son puissant voisin – les deux pays ont mené une brève guerre frontalière en 1979 – restent tendues en raison de l’attitude agressive chinoise et des revendications territoriales maritimes (le littoral du Vietnam, d’environ 3 400 kilomètres suit l’une des voies de frêt maritime les plus fréquentées du monde et ses îles Spratly et Paracells ont été occupées manu militari par la Chine ).
Comme d’autres pays de l’Asie du Sud-Est, le Vietnam semble de plus en plus favorable à une présence économique et militaire américaine dans la région pour contrer la puissance croissante de la Chine.
Comment le parti “néo-communiste” va essayer de façonner l’avenir du pays ?
Le lundi 25 janvier prochain, le 13ème congrès du parti communiste vietnamien s’ouvrira à Hanoï. Il sera déterminant pour le pays dans les années à venir avec un nouveau direction et leadership pour l’un des derniers États communistes du monde après la Chine, la Corée du Nord et Cuba. Les tractations entre clans rivaux ont commencé depuis bien longtemps comme l’ont démontré purges, exclusions et même disparitions successives de nombreux caciques depuis l’année passée. La corruption généralisée et l’incompétence des membres du parti sapent cependant leur crédibilité au sein de la population.
Comment le système fonctionne-t-il ?
Il s’agit d’un processus opaque. Le Vietnam a une structure de direction collective à “quatre piliers” composée du secrétaire général, du premier ministre, du Chef de l’État et du président de l’Assemblée nationale. Ce quatuor gouverne en consultation avec un bureau politique du PC de 17 à 19 membres. Le 13e Congrès du Parti national doit se tenir du 25 janvier au 2 février. Environ 1’600 délégués dûment triés voteront pour choisir environ 200 membres du Comité central, qui à son tour choisira le Politburo dont le secrétaire général du parti. Le politburo désignera ensuite les candidats au poste de premier ministre, puis la composition du gouvernement. Ceux-ci seront soumis à un vote de principe à l’Assemblée nationale.
Qui est en lice pour le poste de premier ministre ?
Le Premier ministre actuel Nguyen Xuan Phuc, 66 ans, pourrait être candidat au poste de chef du parti. Son challenger pourrait être Tran Quoc Vuong, 67 ans, chef du bureau central du parti. A savoir que Nguyen Phu Trong, 76 ans, l’actuel secrétaire général pourrait même briguer , malgré une santé chancelante , un troisième mandat.