Scandale Viet A : Deux hauts responsables gouvernementaux arrêtés pour escroquerie aux kits de test COVID-19.
Le maire de Hanoi, Chu Ngoc Anh, alors ministre vietnamien des Sciences et de la Technologie, et le ministre de la Santé Nguyen Thanh Long
Deux hauts responsables du gouvernement vietnamien ont été arrêtés et expulsés du Parti communiste vietnamien (PCV) au pouvoir, car ils sont accusés d’être impliqués dans un scandale de 172 millions de dollars lié au kit de test COVID-19 vraisemblablement d’origine chinoise.
Lors d’une session d’urgence du Comité central du PCV, le ministre de la Santé Nguyen Thanh Long et Chu Ngoc Anh, président du parti de la capitale Hanoi, ont été expulsés pour leur implication dans le scandale de la Viet A Technologies Company, dans lequel des fonctionnaires auraient été soudoyés pour fournir aux hôpitaux des kits de test COVID-19 à des prix largement excessifs.
“Le Comité central du Parti a décidé d’expulser du Parti, M. Chu Ngoc Anh et M. Nguyen Thanh Long”, a déclaré l’organe dans un communiqué publié sur son site officiel, rapporte l’AFP.
La séance a eu lieu après que le Politburo du PCV, l’organe décisionnel suprême du Vietnam, a ordonné au Comité central de punir les deux fonctionnaires pour leur implication dans l’escroquerie. Les agences du Parti ont accusé les deux hommes, ainsi qu’un troisième fonctionnaire, le vice-ministre des Sciences et de la Technologie Pham Cong Tac, d’avoir “causé de graves conséquences, des pertes d’argent et d’actifs de l’État, sapé la lutte contre le COVID-19, provoqué des troubles sociaux et affecté la réputation du Parti, du ministère de la Santé et du ministère des Sciences”.
Une série de fonctionnaires, dont des généraux militaires de haut rang et des directeurs de centres provinciaux de contrôle des maladies, ont également été arrêtés ou mis sous enquête criminelle depuis le début de l’année 2022 pour leur implication dans le scandale du Viet A.
Rappelons que le test covid de Viet A avait été présenté et dans un premier temps par les instances officielles et les médias gouvernementaux ( voir les précédentes éditions de notre Newsletter en 2021) comme une contribution scientifique et médicale extraordinaire du Vietnam, homologuée par l’OMS et destinée aussi à une exportation internationale pour lutter contre la pandémie en 2020 et 2021. Tout ceci s’est dégonflé lorsque l’OMS a apporté un démenti cinglant en octobre 2021 et que des médias ont découvert ensuite l’inexistence de laboratoires médicaux de Viet A dans le pays.
Chu Ngoc Anh et Nguyen Thanh Long ne sont que les deux dernières victimes de la campagne anti-corruption du PCV, qui a permis de mettre la main dans tout le pays sur un réseau de dizaines de fonctionnaires, qu’il s’agisse d’apparatchiks de haut rang du parti, de fonctionnaires locaux ou de cadres de grandes entreprises publiques.
“Jamais auparavant, au cours des 91 ans d’histoire du PCV, a noté un fin observateur du régime, “autant de responsables n’ont fait l’objet de mesures disciplinaires, d’expulsion du Parti ou d’emprisonnement pour cause de corruption.”
Une vendetta ou un nettoyage de la maison ?
La campagne de lutte contre la corruption représente un effort pour extirper la corruption qui a coûté au Vietnam des milliards de dollars en fonds détournés et qui a érodé une certaine légitimité durement gagnée du parti. Les observateurs de la politique vietnamienne ont également souligné la similitude politique de nombreuses affaires récentes de lutte contre la corruption, qui visaient les alliés de l’ancien Premier ministre Nguyen Tan Dung. En effet, écrivant sur la campagne anticorruption de Trong en 2017, un ancien diplomate américain, a affirmé que la campagne ressemblait “plus à une vendetta de famille qu’à un nettoyage de la maison commune.”
Même si nous mettons entre parenthèses la question des motivations politiques, cependant, le défi pour le PCV est que la corruption est une gangrène qui, à bien des égards, provient de la nature du Parti-État vietnamien. Le mélange d’incitations du marché et de règles du Parti semble offrir de nombreuses possibilités de corruption ou de détournement de fonds, comme le montre le flot de fonctionnaires, de régulateurs et d’hommes d’affaires de premier plan accusés d’avoir profité de leur poste pour s’enrichir.
Ce seul fait semble indiquer que l’action de Nguyen Phu Trong continuerait pendant un certain temps encore car à ce jour il manque encore une pièce maitresse dans cet immense imbroglio politico-judiciaire qui secoue la société vietnamienne en ce moment : le(s) principal-aux actionnaire(s) détenant les 80% de la société Vietnam A n’ont pas été encore découverts ou révélés au public par les enquêteurs. On parle de plus en plus de l’épouse très affairiste d’un membre éminent du Politburo.
L’étau va t’il vraiment se resserrer jusqu’au bout ?