L’autoritatisme mis en échec
Au final, l’armée doit de nouveau intervenir pour rétablir l’ordre au Vietnam.
La crise mondiale du Covid-19 a fait de nouveau resurgir la fable selon laquelle un régime autoritaire bien inspiré serait plus efficace qu’un état démocratique. La manière dont le Vietnam communiste à parti unique a affronté la crise sanitaire en 2020 a contribué à entretenir cette illusion pendant un certain temps.
Confinement et quarantaine manu militari des personnes contaminées, quadrillage intense des foyers d’infection dans la population par un appareil policier bien rodé, répression brutale des voix dissidentes et contestataires: toutes ces mesures caractéristiques d’un régime dictatorial ont pu donner l’illusion, pendant l’année 2020 et le début 2021 d’une parfaite maîtrise de la situation par les autorités vietnamiennes.
Ces dernières, à coup de propagande, glorifiant l’esprit marxiste-léniniste et la pensée révolutionnaire (?) de Ho chi Minh, ont organisé ostensiblement des grandes manifestations publiques telles le 13ème Congrès du Parti communiste et les nouvelles élections de l’Assemblée nationale dans la 1ère moitié de 2021. Tout en fanfaronnades, allant jusqu’à se moquer de l’état de la démocratie aux Etats-Unis lors de l’attaque du Capitole, le régime vietnamien a cependant totalement négligé les mesures sanitaires élémentaires. Aveuglé par leur propre propagande, les autorités se sont crues au-dessus des lois de la nature. La vaccination y était à peu près inexistante: seul 1,5% de sa population en avait bénéficié ce printemps quand a surgi le variant Delta, soit le taux le plus misérable de toute l’Asie.
Depuis juin 2021, enferré dans son régime monolithique et ralenti par une administration lourde et souvent incompétente, le Vietnam a vite sombré dans une nouvelle tragédie pour sa population, à l’image de Cuba, de la Birmanie et d’autres dictatures. Depuis quelques jours, le régime a dû faire intervenir des contingents de l’armée venus du nord.
A ce jour, la manière dont les régimes démocratiques en Asie, comme la Corée du Sud ou Taïwan ont pu s’adapter (même difficilement) à la nouvelle crise démontre que les démocraties, quoique imparfaites (ou peut-être parce qu’elles sont imparfaites), obtiennent toujours de meilleurs résultats que les régimes autoritaires grâce la liberté d’expression et d’association, au droit réel à la participation et la délibération politique lors de tels événements.
Comité Suisse-Vietnam
(*) Chiffres et carte « officiels » de la pandémie au Vietnam selon le journal VN Express à mi-août à considérer avec précaution au vu de la censure d’Etat : plus de 400’000 contaminations dans toutes les provinces dont 210’000 cas en traitement , moyenne de contaminations par jour entre 10’000 et 15’000 cas depuis juin , plus de 10’00 décès recensés.