Deux drapeaux pour un pays , soleil de la liberté ou sang de l’indépendance
Aussi loin que remontent mes souvenirs d’actions et de présence auprès du Cosunam, le drapeau jaune aux trois bandes rouges a toujours été bien présent aux cérémonies et manifestations de la communauté vietnamienne de Suisse et d’Europe.
Qu’il soit brandi fièrement par les Vietnamiens jeunes ou moins jeunes lors des manifestations pacifiques devant le palais des Nations-Unies, ou flottant bien en vue à côté du drapeau helvétique dans les salles de fête lors des soirées artistiques au milieu des centaines d’invités et participants, cet emblème m’a paru indissociable des activités de la communauté vietnamienne.
Bien sûr, en tant que personnalité officielle et ancien maire de la commune du Grand-Saconnex pendant des longues années, je ne pouvais pas ignorer qu’il y a l’autre drapeau, celui de l’étoile jaune sur fonds rouge, qui flotte sur le bâtiment officiel du Consulat vietnamien (situé aussi, ironie du sort, à moins de 3 kms de la stèle des boat-people).
Sur ce drapeau, l’étoile à cinq branches symbolise l’union des ouvriers, des paysans, des soldats, des intellectuels et de la jeunesse qui travaillent ensemble dans la construction du socialisme tandis que le fond rouge symbolise le sang versé pour l’indépendance. C’est seulement depuis 1976 qu’il représente l’ensemble du Vietnam , ayant supplanté par la force le drapeau du Sud.
Sous des formes similaires depuis 1890, sur fond d’or représentant le soleil, barré de trois bandes rouges illustrant les trois régions du Vietnam, le drapeau traditionnel aura vécu plus longtemps que le drapeau officiel, en tous cas au sud.
La question de savoir si il est politiquement correct ou rétrograde voire extrémiste de s’afficher avec cet emblème n’a pas été un problème pour les amis et autres personnalités politiques importantes que j’ai côtoyé pendant ces années en ma qualité de membre du Cosunam.
A ce jour, en Suisse, la communauté vietnamienne a su utiliser avec fierté et détermination ce symbole de leur appartenance et de leurs convictions.
Et finalement, ne serait-ce pas une bonne nouvelle que les Vietnamiennes et les Vietnamiens puissent bientôt choisir eux-mêmes, démocratiquement, le drapeau avec lequel ils se reconnaitront le mieu ?
Gageons que ce jour, le soleil de la liberté l’emporte sur le sang versé d’une drôle d’indépendance.
Jean-Marc Comte, vice-président