Hommages à Anne Marie von Arx, notre Pasionaria
Pour notre Pasionaria Anne Marie von Arx-Vernon
Inépuisable, intarissable, inarrêtable, infatigable, généreuse… comment une belle personne comme toi a pu partir si vite ?
Grâce à toi, l’orange a toujours représenté pour moi la couleur de la fête et de l’espoir.
Toujours disponible, fidèle et présente, que ce soit pour trouver un stage pour nos enfants,pour un conseil, pour donner un coup de main…
Quels merveilleux souvenir que d’avoir fait le pieds de grue avec toi sous la pluie devant la résidence et consulat du Vietnam, avant de pouvoir y entrer pour remettre une pétition en faveur de prisonniers de conscience !
Quel merveilleux souvenir que de te voir accepter avec le sourire une amende officielle pour avoir enfreint la règle de non-manifestation par une députée, toujours pour avoir plaidé ouvertement devant le même consulat pour la démocratie au Vietnam !
Quels merveilleux souvenirs que ces innombrables et délicieuses soirées en ta compagnie et celle de Jean-Luc…
Jean-Luc, les larmes aux yeux, je t’adresse mes plus profondes amitiés et nous allons essayer de continuer avec la confiance et l’espoir que nous a si bien appris Anne-Marie.
Jean-Marc Comte
Figure majeure du PDC et de la politique genevoise, Anne Marie s’est paisiblement éteinte ce jeudi 4 juin à Genève après une vie faite de lumière, de combat et d’humanité.
Icône du féminisme et de la défense des plus défavorisés, elle laisse derrière elle un héritage politique immense.
Née à Paris en 1948, elle grandit dans une famille unie et chaleureuse, dont les parents avaient cependant connu les ravages de deux guerres mondiales.
Outre une gouaille toute parisienne et un sens prononcé de la fête, elle garda, de l’éducation reçue et de sa jeunesse française, la joie de vivre, l’amour de la famille et un courage inaltérable.
Du courage, il en fallait pour se battre en faveur de la cause des femmes, dès la fin des années 60, dans une société sclérosée que mai 68 – dont Marie conservait un souvenir attendri – avait à peine commencé à chambouler. Les femmes, leur donner la parole, les mettre en avant, les défendre, toujours, quel que soit le prix à payer, ce fut le principal combat de sa vie, mais pas le seul.
Femme moderne bien avant l’heure, elle mena, sur le même front et avec un égal bonheur, vie familiale, vie professionnelle et vie politique.
Elle rencontra Jean-Luc à Genève. Il vivait alors une vie de bohème, alors qu’elle était plutôt, comme elle se plaisait à le dire, « tailleur Chanel et serre-tête». Le coup de foudre, immédiat, dura plus de 45 ans. Oui, 45 ans d’un amour absolu dont naquirent Chloé et Gaël. Il fallait voir le bonheur qui irradiait de cette famille dans leur appartement des Eaux-Vives, sorte de cabinet des curiosités qui témoignait de l’éclectisme de ses passions.
Thérapeute familiale, éducatrice dans un foyer d’adolescents, directrice du Cœur des Grottes, Anne Marie défendit avec humanité les oubliés, les sans-voix, les précaires, les victimes. Elle leur communiquait sa force et son amour de la vie.
Elle aurait pu se contenter d’un monde qui lui avait si bien réussi. Mais elle voulait le changer et créer une société plus juste. C’est donc tout naturellement qu’en 1992, elle s’engagea en politique sous les couleurs, dans tous les sens du terme, du PDC. Elle donna sans compter à la politique, qui le lui rendit bien. Après deux mandats au Conseil municipal de la Ville de Genève, elle fut l’une des candidates de l’Entente à la Mairie de Genève aux côtés de Nathalie Fontanet et de Pierre Maudet, avec lesquels elle garda toute sa vie des liens d’amitié indéfectible. Elle siégea 19 ans au Grand Conseil, présida pas moins de sept commissions et fut de tous les combats progressistes mais pas seulement : elle se fit aussi une défenseure intransigeante de la laïcité, de la sécurité et d’une économie durable au service de la population. Si elle avait le goût du compromis, la compromission, en revanche, n’appartenait pas à son vocabulaire.
En 2018, alors qu’elle avait été la mieux élue de la députation PDC, sa candidature au Conseil National sonna comme une évidence. C’était oublier qu’Anne Marie, si elle attirait la lumière, ne la cherchait pas et elle préféra se désister au profit de ce qu’elle appelait « la relève », soit six de ses – très nombreux – enfants politiques.
Dans le cadre de ses activités contre la traite des êtres humains, elle parcourut le monde. De l’Afghanistan, où elle mena une opération homérique au péril de sa vie pour aider des adolescentes opprimées, au Vietnam contre la dictature communiste, en passant par Strasbourg et Berne, là où son influence auprès de nombreux parlementaires de tous bords politiques était grande, elle œuvra passionnément pour les femmes et les persécutés.
Anne Marie von Arx aura marqué la société civile et la politique genevoises d’une empreinte indélébile. Si elle nous laisse orphelins, nous garderons sa lumière en mémoire et continuerons ses combats.
A Dieu Anne Marie.
Sébastien Desfayes, au nom de la députation PDC du canton de Genève