Des signatures contre la tyrannie
Des signatures contre une tyrannie ?
Il n’y a pas de différence entre le combat mené pour la démocratie et la liberté au Vietnam, et celui mené ici-même, en Europe. Il y a la distance, bien sûr. Il y a ces noms que nous ne parvenons pas toujours à prononcer, et qui renforcent un sentiment d’éloignement, d’étrangeté. Mais avant toute chose, il y a la conviction que ce combat est légitime. Et impérieux.
L’action menée par le Cosunam, le soutien des signataires à la pétition adressée au Consulat, peuvent paraître dérisoires. Que peuvent des signatures contre une tyrannie ? Que peut la bonne foi contre la dictature ?
Ne vous y trompez pas : ce peu de choses est énorme. Ces signatures apportent d’abord à celles et ceux que nous soutenons le réconfort de se savoir entendus. La conviction de n’être pas seuls. Cette foi peut ébranler des montagnes, changer un monde. Elle aide en tous cas à rester debout.
Ce peu de choses est énorme aussi pour les autorités qui reçoivent ces courriers. Elles sont ainsi contraintes d’admettre que le monde n’est pas naïf. Que la distance et les frontières n’effacent pas la honte de leurs crimes. Et les dissuader d’en commettre encore plus, d’encore pires. Les bien-pensants diront sans doute qu’il faut « contextualiser », « accepter qu’il existe des modèles différents », que « tous les pays ne sont pas mûrs pour la démocratie », qu’il faut « éviter la caricature sur certains sujets ». Ils ont tort.
Résister, c’est parfois si peu de choses. Une signature au bas d’une lettre de protestation. Publier une caricature. Donner un cours sur la liberté d’expression dans une école, en France. Peu de choses ? Vraiment ? Un prof vient de se faire assassiner pour cela, en France. Un autre vient d’être suspendu par la direction de son établissement en Belgique pour la même chose. La peur et la censure gagnent du terrain. Il est donc impératif de poursuivre la mobilisation, au Vietnam et en Europe. Car la liberté, ça se joue à très peu de choses.
Bernard Favre