Partager le passé, construire l’avenir pour un meilleur Vietnam

Le Bureau du Comité Suisse-Vietnam Cosunam est heureux d’annoncer le retour en son sein de Mme Xuân -Trang après dix ans d’absence pour des raisons familiales et professionnelles. Xuân Trang avait adhéré au Cosunam en 1990 et s’était montrée particulièrement active dans la communauté vietnamienne en matière d’intégration. Cheville ouvrière des mémorables soirées de la nouvelle année lunaire Têt organisées par le Cosunam entre 2000 et 2012 dans la salle des Avanchets , elle faisait partie du groupe des jeunes “Huong Viêt ” et s’était même engagée en politique genevoise. Nous sommes ravis de pouvoir de nouveau compter sur ses compétences, son expérience et son engagement pour un meilleur Vietnam.
Partager le passé, construire l’avenir / par Xuân Trang Nguyên
Renouer avec Cosunam après dix ans d’absence pour des raisons familiales et professionnelles, c’est retrouver mes convictions profondes pour la défense et le respect des droits humains au Vietnam.
Sans le savoir, mes deux enfants nés en Suisse , par leurs questions aujourd’hui sur le Vietnam, terre lointaine et méconnue de leurs ancêtres , me renvoient à mes origines.
Ils me rappellent mon passé de boat-people, réfugiée en Suisse, à ces moments de manifestations devant l’ONU dans les années 80 et 90 pour les droits de l’homme au Vietnam, et enfin la lettre d’adhésion que j’ai adressée au Cosunam en 1990 avec l’intime conviction de « pouvoir faire quelque chose pour mon pays ».
Aujourd’hui, bien que j’ai toujours conservé au plus profond de moi cette volonté d’apporter un changement constructif pour le Vietnam (mon fils cadet porte le nom de Tân Trung ce qui signifie “profonde loyauté”) , c’est bien plus la motivation d’amener mes enfants à réaliser à quel point les vietnamiens sont en souffrance silencieuse car ignorée de la plupart des gens, qui me pousse à agir.
Les trois ” NON” qui me poussent à agir pour un meilleur Vietnam.
Le Vietnam reste l’une des destinations touristiques les plus prisées de l’Asie. L’économie y est suffisamment bonne avec un meilleur niveau de vie par rapport à …30 ans en arrière. La diaspora est ouvertement courtisée depuis des années par le régime pour revenir et pour «reconstruire» le pays, entendez à contribuer économiquement et financièrement. Et depuis août 2024, les étrangers d’origine vietnamienne ayant fui le pays après la chute de Saigon ont même la possibilité de «recouvrer» leur nationalité vietnamienne, pour pouvoir posséder ou récupérer officiellement un bien immobilier au Vietnam . Mais comprenez que si vous voulez «redevenir» citoyen vietnamien, en ayant vécu entre temps dans un pays libre, démocratique, et respectueux des droits humains élémentaires, sachez que le gouvernement vietnamien actuel ne respecte en rien ces droits fondamentaux.
Non ! je ne peux pas accepter de revenir au pays dans de telles conditions, combien même mon rêve c’est d’avoir mon cabinet pour des consultations médicales dans la cambrousse, y vivre de troc et d’échange de services entre bon voisinage …
Non ! je ne peux pas permettre à mes enfants d’aller au Vietnam en tant que touriste pour ne voir que les paillettes d’une société déboussolée, et entendre le chant des sirènes appelant à la contribution économique du pays au profit du parti unique et dictatorial.
Non! Je veux d’abord expliquer à mes enfants pourquoi ils ne sont pas nés au Vietnam, leur raconter mon parcours de vie depuis l’âge de 6 ans, et leur montrer aujourd’hui en quoi les Vietnamiens sont encore en souffrance car ils n’ont pas les mêmes droits que mes fils, des droits les plus élémentaires mais fondamentaux.
Revenir avec le Cosunam et Viet Tân me permet de renouer avec des activités et des actions concrètes, qui ont un impact direct sur la population vietnamienne concernée: celle qui ose de plus en plus s’exprimer et réclamer le droit à une vie équitable, le droit à la justice basée sur le respect des droits de l’homme.
Février 2025 / Xuân Trang Nguyên
