Russie, Chine, Corée du Nord et Vietnam, qui se ressemble finit par s’assembler.
Le président russe Vladimir Poutine a entamé le 19 juin dernier une visite d’État de deux jours au Viêt Nam, à l’invitation du président du parti Nguyen Phu Trong. Les médias d’État ont salué ce voyage comme l’ouverture de nouvelles discussions visant à consolider les liens bilatéraux et à promouvoir la coopération entre Hanoï et Moscou. La dernière visite du président russe remonte à 2017, lorsqu’il était arrivé à Danang pour assister à la réunion de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) organisée par le Viêt Nam.
Le Vietnam, comme la Corée du Nord, est un allié proche de la Russie.
Selon les médias d’État vietnamiens, le voyage officiel de M. Poutine les 19-20 juin marque le 30e anniversaire du traité sur les principes des relations amicales entre le Viêt Nam et la Russie. En 2012, Hanoï a élevé ses relations avec Moscou au niveau diplomatique le plus élevé, celui du partenariat stratégique global.
Avant d’arriver au Viêt Nam, M. Poutine s’est rendu en Corée du Nord, où il a rencontré le dirigeant Kim Jong Un et signé un accord qui pourrait permettre à Pyongyang de fournir à Moscou des munitions indispensables pour soutenir son effort de guerre en Ukraine.
Toutefois, la nouvelle de l’arrivée programmée de M. Poutine à Hanoï a suscité de vives critiques de la part des États-Unis, l’un des principaux partenaires commerciaux du Viêt Nam. Un porte-parole de l’ambassade américaine à Hanoï a déclaré à Reuters qu’aucun pays ne devrait donner à Poutine une tribune pour promouvoir sa guerre d’agression et lui permettre de normaliser ses atrocités“. Auparavant, l’Union européenne s’était déclarée mécontente du report par Hanoï d’une réunion avec l’envoyé de l’UE sur les sanctions contre la Russie en vue de préparer la visite officielle de M. Poutine.
La “diplomatie du bambou”de Hanoi, un ersatz de neutralité opportuniste.
Les principaux experts pensent que les partenaires du Viêt Nam, tels que les États-Unis, les pays de l’Union européenne, le Japon et la Corée du Sud, vont considérer Hanoi d’un œil plus sceptique après que le pays a accueilli Poutine lors de son voyage combiné en Corée du Nord. “Mais d’un autre côté, Hanoi gagnerait plus de confiance aux yeux de la Russie“, a déclaré à VOA News Vietnamese Alexander Vuving. Selon lui, l’accueil par Hanoi du dirigeant russe, qui a été vivement critiqué pour ses crimes de guerre en Ukraine, “souligne le fait que le Vietnam, comme la Corée du Nord, est un ami proche de la Russie”.
Il convient de ne pas oublier que l’ancienne Union soviétique et Hanoï partageaient la même idéologie communiste pendant la guerre froide. À l’époque, de nombreux cadres du parti et hommes d’affaires vietnamiens sont allés étudier et ont développé une attitude amicale à l’égard de l’image de l’Union soviétique. En avril 1975 , ce sont bien les chars soviétiques T-62 de l’armée nord-vietnamienne massivement fournis par Moscou qui ont conquis Saïgon et non les maquisards du Front de libération. Moscou est actuellement le premier fournisseur d’armements du Viêt Nam et un partenaire essentiel pour l’exploration conjointe du pétrole et du gaz en mer de Chine méridionale.
En recevant à son tour Poutine , le Vietnam se veut appliquer une ” diplomatie du bambou” , un ersatz de neutralité, opportuniste et oscillant selon les vents du mondialisme entre capitalisme libéral et modèle idéologique répressif à la chinoise. Mais, en fin de compte, qui se ressemble finit par s’assembler.