Vietnam et Chine, même combat contre les droits de l’homme.
Le 11 octobre 2022, le Vietnam a été élu pour le mandat 2023-2025 par 145 voix pour sur 193, lors de la 77e session de l’Assemblée générale de l’ONU à New Yok.
Il est vrai que depuis bien longtemps – peut-être d’ailleurs depuis sa création en 2006 – le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies ne trompe personne.
La résolution 60/251 de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a créé le Conseil des droits de l’homme, exhorte les États votant pour des membres à “tenir compte de la contribution des candidats à la promotion et à la protection des droits de l’homme”. Les membres du Conseil sont tenus de “respecter les normes les plus élevées en matière de promotion et de protection des droits de l’homme” dans leur pays et à l’étranger et de “coopérer pleinement avec le Conseil.”
Il n’en est cependant rien dans les faits.
En matière de droits de l’homme, la langue de bois des apparatchiks d’Hanoi a encore de beaux jours devant elle.
Loin de regrouper des pays exemplaires dans la promotion des droit de l’homme, il tend à être une amicale des pays se faisant fort de présenter le bilan humanitaire le plus désastreux possible.
L’Arabie saoudite, la Chine et bien d’autres pays dont Cuba et le Qatar se servent de leurs positions acquises au Conseil des droits de l’homme pour mieux s’exonérer de leurs responsabilités et saper l’influence des vrais militants et activistes auprès des Nations Unies.
C’est donc dire qu’au regard de l’histoire récente du Conseil des droits de l’homme, de sa composition actuelle et de sa réputation auprès notamment des ONG, le Vietnam est parfaitement à sa place.
La langue de bois des apparatchiks d’Hanoi a encore de beaux jours devant elle, puisque les autorités vietnamiennes, via les médias d’état, annonçaient sitôt l’élection confirmée que « ce résultat montre que la participation active du Vietnam aux activités du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, les engagements et les efforts vigoureux du Vietnam dans la promotion et la protection des droits de l’homme ont été reconnus et appréciés par la communauté internationale. ».
La réalité est bien entendu fort différente.
En revanche, cette élection, en nette chute néanmoins par rapport à celle pour le mandat 2014-2015 (184 voix sur 192), démontre que le Vietnam dispose encore d’un solide réseau d’amitiés ou plutôt d’affidés. Le copinage règnera en maître au Conseil des droit de l’homme et le parti unique peut garder le cap : personne ne viendra lui chercher des noises malgré sa brutalité.
Quand bien même l’accession du Vietnam au Conseil constitue tout sauf une surprise, il s’agit donc d’une mauvaise nouvelle pour les amis de la liberté et de la démocratie.
Sébastien Desfayes / Président du Comité Suisse-Vietnam COSUNAM .
N.d.l.r : La crédibilité du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a été de nouveau remis en cause dernièrement par son refus sous pression dominante de la Chine de tenir un débat sur un récent rapport du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme sur les abus commis dans la région du Xinjiang en Chine. Ce rapport avait conclu que l’étendue de ces violations « peut constituer des crimes internationaux, en particulier des crimes contre l’humanité », nécessitant « une attention urgente de la part des organes intergouvernementaux des Nations Unies et du système des droits de l’homme. »
https://www.hrw.org/fr/news/2022/10/05/le-conseil-des-droits-de-lhomme-de-lonu-devrait-debattre-du-rapport-sur-le-xinjiang